UNDOER


- REVUE ET CORRIGÉE -

Inspiré par le roman de R. L. Stevenson "Dr Jekyll et Mr Hyde" et par son adaptation à l'écran, "Undoer" est la dernière réalisation en date de Daniel Koskowitz alias Jagger Naut. D'emblée, ce disque est hors du commun. En effet dès la première écoute, c'est l'étonnante sensation d'une tension/oppression générale qui s'installe. Elle ne vous quittera plus et vous tiendra en haleine, le souffle court jusqu'à sa conclusion. Nourri par la bande-son du film de Fleming, "Undoer" révèle par contre, aux écoutes suivantes, subtilités rythmiques, variations mélodiques, dialogues et solos au préalable masqués par un alliage sonore compact propulsé des boîtes à rythmes, basse, guitare, samplers et autres effets électroniques. Le degré du volume lors de l'audition est important pour justement apprécier ces contours. L'ensemble se présente comme une suite. La narration instrumentale respectant la chronologie des séquences du film, c'est à l'écoute d'une pathétique aventure qu'il nous est convié d'assister. Ce travail, composé, interprété et enregistré par une seule et même personne est un monolithe qui n'est parfois pas sans rappeler King Crimson ou Prince. (Albert Durant)

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- L'INDIC -

Deuxième album de Jagger Naut (après l'indispensable White Man sorti en 1991) est le résultat direct d'un bouillonnement rythmique jailli d'un chaudron technologico-musical surchauffé an cinémascope THX, au fantastique et à l'imaginaire. Véritable télescopage de genres musicaux, cette libre adaptation (mais est-on vraiment libre ?) de Docteur Jekyll et Mister Hyde est surtout prétexte à un hommage à sa version cinéma de 1941 (la meilleure à mon sens) avec Spencer Tracy, Lana Turner et Ingrid Bergman. Des bribes de dialogue, des cris et des cuts de la bande-son ponctuent l'album soulignant tel ou tel arrangement, créant telle ou telle impression ou pointant du doigt certaines tensions dramatiques, en un mot en guidant notre errance à travers la lourde densité de l'album. Undoer est un rêve musical doublé d'un cauchemar auditif virtuel si l'on cherche à la parcelliser pour tenter de l'apprivoiser. C'est cette ambivalence quasi schizophrénique qui en fait, n'en doutons pas, un chef-d'oeuvre. Daniel Koskowitz est Jagger Naut comme de docteur Jekyll est Mister Hyde, chacun est le côté sombre de l'autre, mais chacun est plus que la moitié de l'autre, ils sont un seul et même talent, un seul et même génie polymorphe, obligé de se travestir pour échapper à une société rigide pour l'un et pour -sans doute- échapper à l'étiquetage chez l'autre. Le tout est de savoir qui est l'un et qui est l'autre car si je est un autre, l'autre est peut-être bien en moi, après tout...



- MAGIC MUSHROOM -

Vieux routard de la scène nanciéenne (il joue, en particulier, dans le groupe Soixante Etages), Daniel Koskowitz alias Jagger Naut avait déjà sorti un premier album, passé inaperçu, sur Dossier. Undoer ne part pas avec les plus grands avantages. Avec pour seules voix des samples trafiqués et traités comme n'importe quel autre instrument, le suicide commercial est certain. Mais là, bien sûr, n'est pas la question. On retrouve un peu de Robert Fripp dans la guitare et d'Elliot Sharp dans la basse de Daniel : des sons aucunement actuels, reminiscences avant-gardistes bien maîtrisées, mises au service de morceaux longs (6 minutes pour le plus court) mais envoùtants par leur ambiance, par leur fier désaxage. Comme la bande son d'un triller cyberpunk nocturne et hanté. Une froideur, voire une inhumanité curieusement attirante. (Richard Delaite)