HEATPROOF CAULDRONS FOR WANGLER


- LES INROCKUPTIBLES -

Salutaire réédition , qui ressaisit à la volée les premiers éclats discographiques d'un collectif de vrais soldats du feu, libérés de tout contingent. Heatproof cauldrons for wanglers peut afficher sans honte ses 10 ans d'âge : il n'accuse ni rides ni bide, toujours aussi intelligent et désaxé. On y entend des musiciens sortis de leurs gonds, dont les onze piéces démontées entrechoquent guitares vraiment abrasives, basse et batterie sans chaînes, voix non stabilisées et interventions-parasites d'électrophones, magnétophones, radio, échantillonneurs... Entre désarticulations rythmiques et triffouillages sonores, rock en opposition et noise sans confort, électronique électrocutée et free frit jusqu'à la moëlle, il y a de la beauté des ruines dans ce brassage-concassage, une certaine idée du commencement par le désastre. Aux dernières nouvelles, ces agités n'ont, Dieu merci, toujours pas trouvé camisole à leur taille. Le récent De sa bouche de loup en témoigne, exemple parfait de ce que peut être une musique follement vivante : un art en permanente redéfinition qui, sans autre sagesse que celle du désordre, saurait défaire comme rarement l'unanimité. (Richard Robert)



- REVUE ET CORRIGÉE -

Exhumation : retrait de la terre. Il est donc question d'une fertilisation, suite à dix années de purgatoire après, on le murmure, une brève non-carrière. En 1988, il s'agissait déjà d'un éblouissant état des lieux, bien nourri de la digestion assumée de musiques déjà anciennes et alors en sommeil (c'était donc dix ans avant leur retour à la mode...). Aujourd'hui , c'est ressorti tel quel, jeté à la face des jeunes fans de vieux groupes, avec une arrogance de dandies qui se permettent d'en rajouter (ah ! les deux (2!) bonus tracks).
En 1998 - il faut dire que le collectif enregistre depuis longtemps déjà -, Heatproof cauldrons for wanglers est un disque étonnant, un catalogue brut, parfois décousu parce que trop riche, de toutes les expériences futures, collectives ou solitaires, d'une escouade de producteurs de musique électrique de la région nancéienne. D'où l'évidente valeur documentariste de l'objet : il y a dix ans, quelques musiciens, en une lecture concentrée, concernée mais amusée, avec déjà une particulière attention portée au son (François Dietz dès cette époque), revisitent leur(s) culture(s) : en même temps, ils jettent le terreau de leur futur musical dans un énoncé extrêmement précis, canalisé, ascétique... Ainsi, se côtoient des musiques à l'air stimulant de déjà entendu (dans une certaine Amérique), et d'autres qui annoncent -avec dix ans d'avance- des groupes comme Salaryman (tiens, encore l'Amérique...).
On est heureux de (re)découvrir par anticipation les futures expéditions machiniques de Jagger Naut, le méta-rock halluciné d'Etage 34, le big band de rêve Idiome 1238. On jubile devant le didactisme subtil de certaines évocations de l'âge d'or : on croise le very early Devo dans Jour de fête, Cotocz nous rappelle qu'Indoor Life a un jour existé (voilà un groupe à exhumer !)
le très sisteray-esque An eye upon his desert ? A leg on his desk est revu à la hausse par Don van Vliet. Bref, tout est décalé, mais avec beaucoup de rythme.
On entend également des choses que l'on ne trouvera jamais chez d'autres : les atmosphères hantées, très film noir, les voix troublées de The simple warmth of the fragile style, le chant énervé, à l'accent inimitable, une atmosphère de musique de chambre, où l'on pressent une grande écoute, une mutualité de moyens sonores étonnante, enfin, qui se joue de la technologie la plus avancée à l'époque et de la tradition rock, mais aussi de la cassette, de la radio et du tourne-disque (mange-disque assurément...), ce qui n'était pas courant en ces temps-là.
Et la pochette, et les bonus tracks... Heatprool cauldrons for wanglers nous rappelle avec panache qu'il y a dix ans, quelques écervelés bien de chez nous dessinaient les plans d'une des pièces du (très) grand appartement post-rock. Cette réédition - le livret très détaillé et très historique en témoigne - a cependant des allures de bilan, provisoire certainement, tant la liste des collaborateurs (réguliers ou éphémères) livrée en annexe prouve que le réseau est solidement tissé, et tant les différents départements musicaux du collectif initial (plutôt que sous-groupes, trop inapproprié dans ce cas) sont plus que jamais présents et vivaces. Donc : disque nécessaire. (Laurent Dailleau)



- FORCED EXPOSURE -

Fantastic french plunder-fuck that owes not one sous to Metal Urbain or their kin. Atop a bottom that almost as thick'n agitated as King Snake Roosts, these bastards wink up an outta-focus, anti-xerox of vaguely psychy noise moves. Harmonica, cunt-flaps, Sun Ra's brain beams, everything is employed to make the air to wich this is exposed VERY MUZZY INDEED. That they are able to do all this while reminding me of the original, all instrumental version of the Toiling Midgets (one of the '80s key lost bands) means they're in the running for best French band ever. Which is not nearly as dink an honor as some would have it. This be a great choice for some hip label's licensing dept. (Byron Coley)