DIRECT CHAMBER


- REVUE ET CORRIGÉE -

Direct Chamber est le résultat, le condensé de trois concerts donné par le trio dans divers hauts lieux de la musique (Instant Chavirés, Musique Action, Festival Vu d'un Oeuf). De par le passé, Günter Muller avait déjà enregistré avec des soufflants, on se souvient de ce quatuor pour 2 batteurs / percussionnistes et 2 trombonistes - ici c'est trombone - soprano, percussions et live electronics. Il y a un fait important dans ce trio c'est l'approche minimale de la matière sonore, devenu cheval de bataille de Günter depuis plusieurs années, elle est ici bien développée par les deux soufflants. Rapprochant par exemple le tromboniste allemand Axel Dörner pour un craquement de souffle, un vent qui grince sur le cuivre, un corps projeté en silence. Pour Michel Doneda c'est un développement forcé d'une force caché de son travail, là où le cri l'emporte sur le silence, c'est ici que le son du soprano prend sa force, puise son énergie dans le silence du glissement sonore. Mais si l'idée qui se développe dans la quasi totalité du disque : un certain rien du son, une déconstruction de la matière volcanique, une approche infiniment petite ne peut finalement laisser échapper les personnages qui composent ce trio, ainsi le cri multiphonique de Doneda ne pourra rester cacher, le rythmique folle et entêtante de Müller et les sons éclatant du trombone de Charles finissent par sortir de leur profond sommeil, mais juste l'instant d'un clin d'oeil. (Julien Ottavi)



- IMPROJAZZ -

Comme dans tous les arts, les évolutions musicales les plus radicales se font souvent par doses homéopathiques. L'esprit d'une époque, les réactions contre des acquis s'impriment peu à peu, les influences s'interpénètrent et il arrive qu'au fil das ans, sans crier gare, on se retrouve un jour dans un paysage totalement transformé. C'est le cas de la musique de Direct Chamber : elle fait partie de ces contrées où l'on sent bien que plus rien ne sera comme avant. Une page est tournée : une autre vision de la narration (le rapport à l'écoulement du temps musical) s'impose et introduit de nouveaux phrasés : l'auditeur peut s'y plonger et comprendre des plaisirs différents. L'agencement des sons a toujours été contingent. On a pu expliquer tout autant le free jazz que les recherches de Cage. Ici, cette musique, elle aussi, s'inscrit dans des préoccupations esthétiques qui sont liées à une condamnation sans appel des pratiques dominantes de ce monde. Il s'agit, à n'en pas douter, de grande musique improvisée (pas vraiment infamant comme étiquette), de vibration sophistiquée de l'air (expression très en vogue qui fait toujours son petit effet). Mais surtout de nouveaux derviches dont les tournoiements nous pressent de trouver d'autres sens. (Jacques Oger)